Etude chorologique des espèces culicidiennes de l’Afrique méditerranéenne |
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Date de publication : 11 mars 2007 Etude chorologique des espèces culicidiennes de l’Afrique méditerranéenne Résumé Les Culicides sont des diptères qui ont été largement étudiés. De nombreuses recherches ont été entreprises à travers le monde, mais également dans le bassin méditerranéen. Pour notre travail, nous avons abordé la distribution des espèces culiciennes dans une région géographique vaste qui est l’Afrique méditerranéenne, afin de regrouper des connaissances sur les Culicides de cette région puis de réaliser une synthèse, d’un niveau de complexité élevé, étant donné l’échelle de la zone d’étude et la composition de ce groupe d’insectes, que seule une bonne analyse bibliographique préalable aurait permis. Introduction Les Culicides sont des insectes qui transmettent à l’homme une très grande variété de microbes et de parasites, dont un bon nombre peut se révéler pathogènes. La plupart des espèces culicidiennes ont un comportement qui diffère d’une région à l’autre dans leur aire de répartition, ce qui influe sur leur rôle vecteur. Ils peuvent être des agents de transmission de beaucoup de maladies qui représentent aujourd’hui des problèmes de santé graves dans le monde, d’où l’intérêt de continuer à étudier ces insectes. Notre contribution à l’enrichissement des connaissances de la biologie de ces insectes nuisibles correspond à la collecte d’un maximum de travaux réalisés jusqu’à présent, dans un but d’exploitation des informations fournies par ces travaux, en vue d’une synthèse chorologique et écologique à petite échelle. Le but majeur de notre travail a été de réaliser une synthèse chorologique d’un groupe d’insectes très varié : les Culicides, sur une zone géographique relativement vaste qui est l’Afrique méditerranéenne. Cette approche chorologique vise l’étude de : La distribution géographique des espèces ; La distribution en fonction du facteur altitude ; La distribution en fonction de l’ambiance bioclimatique. Matériel et Méthodes L’étude est établie grâce aux travaux réalisés depuis 1909, elle porte sur la saisie des données géographiques tout en intégrant des données climatiques, topographiques sur chaque localité où l’espèce est signalée. La faune culicidienne de l’Afrique méditerranéenne a fait l’objet au cours de plusieurs années d’un grand nombre d’études sous forme de notes et d’articles abondants et de quelques monographies et révisions. Nous nous sommes appuyées en premier lieu sur les travaux originaux (publications et notes) puis sur des synthèses (thèses et livres). Nous comptons environ 250 références bibliographiques. Une référence est retenue dans la mesure où elle fournit une information relative à la chorologie d’une espèce reconnue dans un des cinq pays de l’Afrique méditerranéenne. Nous utilisons le terme « Afrique méditerranéenne » pour désigner les cinq pays d’Afrique qui ont une façade sur la méditerrannée, il s’agit du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de la Libye et de l’Egypte. Cette vaste région géographique constitue une zone de transition entre les zones tempérées situées au Nord et les zones tropicales au Sud. Ces cinq pays présentent une grande diversité du paysage, de climat et de biologie. Le nombre de stations mentionnées est de 512 en totalités, mais il varie d’un pays à un autre et d’une région à une autre. Ceci est lié aux prospections et aux travaux consultés. La faune culicidienne se compose de 65 espèces qui appartiennent à 2 sous familles et à 7 genres, le genre Anopheles seul représentant de la sous famille des Anophilinae, les 6 autres genres qui sont Aedes, Culex, Culiseta, Coquillettidia, Orthopodomyia et Uranotaenia appartiennent à la sous famille des Culicinae. Pour atteindre notre objectif, nous avons : Regroupé les connaissances sur la distribution des espèces culicidiennes en notant les positions géographiques connues pour chaque espèce, dans le but de comprendre et comparer le pouvoir de dispersion des espèces par la réalisation d’une géo-typologie ; Recherché les relations étroites pouvant exister entre ces espèces et les conditions climatiques appréciées grâce à l’ambiance bioclimatique de station entre les espèces et l’altitude, afin de définir la plasticité écologique de chaque Culicide. Résultats La géo-typologie des espèces permet de définir 5 types de distribution : Nous avons également cherché à comprendre la distribution verticale des Culicides présents en Afrique méditerranéenne. Pour cela nous avons traité nos données par l’Analyse Factorielle des Correspondances. Ainsi les espèces se concentrent surtout au niveau des basses et des moyennes altitudes et deviennent de plus en plus rares quand on dépasse les 1000m, à partir de cette altitude, on ne peut trouver que 5 espèces dont Anopheles turkhidi. Conclusion Ce travail a été conduit dans un but essentiellement fondamental afin de contribuer à une meilleure connaissance des aires de distribution des espèces d’un peuplement d’intérêt médical, ce but a été atteint concernant la plupart des espèces, toutefois, certaines, très peu abordées, car ce sont soit des espèces récemment découvertes (Aedes biskraensis) ou des espèces à très faible distribution (Culex brumpti, Culex dutttoni, Coquillettidia richardii, Culex sinaïticus) Notre travail consistait essentiellement à décrire plus en détails, en se basant sur des références bibliographiques, la répartition des espèces culicidiennes dans l’Afrique méditerranéenne. Les espèces se comportent de façon différente selon intervalles de tolérance, ainsi nous retrouvons dans ce peuplement des espèces que nous qualifions d’ubiquistes, qu’on peut rencontrer dans les cinq pays, ce sont Aedes aegypti, Aedes caspius, Aedes detritus, Anopheles algeriensis, Anopheles cinereus, Anopheles milticolor, Anopheles sergentii sergentii, Anopheles superpictus, Culiseta longiareolata, Culex deserticola, Culex laticinctus, Culex perexiguus, Culex pipiens, Culex theileri et Uranotaenia unguiculata. Bien que Anopheles ziemannii ait été signalé qu’au Maroc, en Tunisie, en Libye et en Egypte, sa présence en Algérie est fort probable et des travaux ultérieurs peuvent avoir l’opportunité de le confirmer. Dix huit espèces se trouvent qans les trois pays du Maghreb, il s’agit de : Aedes berlandi, Aedes dorsalis, Aedes echinus, Aedes geniculatus, Aedes mariae, Aedes pulcritarsis, Aedes vexans, Aedes vittatus, Anopheles claviger, Anopheles marteri, Anopheles plumbeus, Anopheles petragnanii, Culiseta annulata, Culiseta fumipennis, Culex hortensis, Culex impudicus, Culex modestus et Orthopodomiya pulcripalpis ; ce sont des espèces pour la plupart sténotopes, qui est le cas des espèces montagnards, qui présentent une exigence vis-à-vis leur habitat, certaines sont présentes dans trois pays (Anopheles turkhidi se trouve au Maroc, en Algérie et en Egypte), dans deux pays (Anopheles rufipes broussesi, Anopheles rhodesiensis rupicola et Culex arbieeni sont signalés en Algérie et en Libye. Aedes albineus a été retrouvé en Algérie et en Tunisie). Certaines espèces ne sont présentes que dans un ou deux pays, ainsi Anopheles tenebrosus se localisent essentiellement dans l’Est, entre la Libye et l’Egypte. D’autres espèces telles que Aedes dzeta, Anopheles hyrcanus, Coquillettidia richardii, Culex brumpti, Culex duttoni, Culex martinii, Culex simpsoni et Uranotaenia balfouri ne sont présentes qu’au Maroc. Aedes biskraensis n’est signalée qu’en Algérie, Anopheles gambiae n’est présente qu’en Libye. Alors qu’Anopheles pharoensis, Culex adairi, Culex antennatus, Culesx poicilipes, Culex sinaïticus et Culex tritaeniorhyncus ne sont présentes qu’en Egypte. L’Afrique méditerranéenne est ainsi une zone de transition où des espèces vicariantes se remplacent, il est le siège de la limite Sud pour les espèces paléarctiques et la limite Nord pour les espèces sahariennes et éthiopiennes. Le climat de la planète a tendance à se modifier, donc il ne faudra pas s’étonner dans le futur de l’installation et de la prolifération d’espèces nouvelles de Culicides et la disparition de certaines espèces paléarctiques à la recherche de climat plus froid. Les activités humaines intenses ont tendance à favoriser une modification de la composition de la faune culicidienne, nous citerons tout particulièrement l’exemple du cours d’eau artificiel de la Libye qui a presque les mêmes caractéristiques que celui du Nil, alors les espèces culicidiennes ont de grandes chances de se propager dans cet immense fleuve libyen. Donc la composition de cette faune culicidienne et de sa répartition ne peuvent être considérées comme closes. Auteur(s) : Tabti N. & Hassaïne K - natabti@yahoo.fr |