Changements climatiques entre les deux périodes 1913-1936 et 1975-2006 à Tlemcen (ouest algérien) |
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Changements climatiques entre les deux périodes 1913-1936 et 1975-2006 à Tlemcen (ouest algérien)Date de publication : 21 janvier 2008 Résumé Le climat est un facteur déterminant de premier ordre pour une approche du milieu. C’est un ensemble de phénomènes météorologiques qui sont principalement la température, les précipitations et les vents. Le climat se place en amont de toute étude relative au fonctionnement des écosystèmes écologiques. Notre travail portera sur l’étude du changement climatique à Tlemcen. On notera l’évolution du climat en exploitant d’une part les anciennes données climatiques de Seltzer, (1946) d’une période allant de 1913 à 1936, et d’autre part, le climat actuel (source O.N.M) d’une période allant de 1975 à 2005 pour les précipitations et de 1975 à 2006 pour les températures. Mots clés Changements climatiques, évolution, ancienne période, climat actuel, Tlemcen, Algérie IntroductionLa ville de Tlemcen est située à l’extrême Ouest de l’Algérie. Sa superficie est d’environ 9200 Km². Elle est limitée : Le climat est un facteur déterminant de premier ordre pour une approche du milieu. C’est un ensemble de phénomènes météorologiques qui sont principalement la température, les précipitations et les vents. Ce climat se place en amont de toutes études relatives au fonctionnement des écosystèmes écologiques (Thinthoin, 1948). Pour la région méditerranéenne, les précipitations et les températures constituent les facteurs limitants pour la végétation, à coté de quelques autres facteurs qui influencent d’une manière ou d’une autre les biocénoses comme la neige, le vent, la grêle, le gel, .… Le climat méditerranéen est caractérisé par deux points importants : Le climat méditerranéen est aussi caractérisé par une concentration hivernale des précipitations, l’été étant sec (Daget, 1980). Ces caractéristiques du climat méditerranéen à côté de quelques autres que nous citerons ultérieurement, ont fait l’objet de plusieurs études par des scientifiques écologues. Les travaux les plus connus sont ceux de : Quezel (1976), Daget (1980), Le Houerou et al. (1975), Alcaraz (1983), Djebaili (1984), Dahmani (1984), Pons (1984), Medail et Quezel (1996) et Benabadji et Bouazza (2000), Seltzer (1946), Bagnouls et Gaussen (1953), Chaumont et Paquin (1971), Stewart (1974), Ferouani (2001) et Bestaoui (2001). Ces études sont intéressantes car elles révèlent, à coté des caractéristiques du climat méditerranéen, la richesse et la diversité de la flore. En effet, Quezel (1985) estime les espèces à 25000 et plus récemment par Greuter (1991) à 24000 ± 600. Dahmani (1984) quant à elle, signale que la grande répartition de la pluviosité se traduit par une diversité au niveau du cortège floristique. Le climat de Tlemcen, qui est de type méditerranéen, est caractérisé par deux saisons nettement tranchées : les hivers doux et pluvieux et les étés secs et chauds avec des taux élevés de rayonnement solaire et d’évaporation. MéthodesDans le but de bien définir le climat de Tlemcen, on a choisi deux stations météorologiques dans cette région : On notera du coup l’évolution du climat en exploitant d’une part les anciennes données climatiques de Seltzer, (1946) d’une période allant de 1913 à 1936, et d’autre part, le climat actuel d’une période allant de 1975 à 2006. La quantité de pluie diminue du Nord au Sud selon l’altitude, de l’Est à l’Ouest selon la longitude et est plus importante sur les versants exposés au Nord et aux vents humides. Les pluies en Algérie proviennent d’une part des vents pluvieux qui abordent le Maghreb par le littoral durant la saison froide( Seltzer, 1946 ), et d’autre part, des orages dus aux perturbations atmosphériques engendrées par les dépressions en provenance des régions sahariennes surtout en fin de printemps ( Dubief, 1959 ). RésultatsL’analyse des données climatiques révèle la relative importance des précipitations durant l’ancienne période. A cette époque, Saf-saf recevait une moyenne de précipitation de 545 mm, quant à Zenata, elle était de 475 mm. La nouvelle période est marquée par une diminution nette et remarquable en pluies. En effet, Saf-Saf n’en reçoit que 400,73 mm et Zenata 264,51 mm. La diminution est de l’ordre de 209,49 mm pour la station de Zenata et de plus de 144 mm pour Saf-Saf. Daget (1977) définis l’été dans un climat méditerranéen, comme la saison la plus chaude et la moins arrosée. Il la représente par les mois de Juin, Juillet, et Août. Notre étude sur les régimes saisonniers confirme que Tlemcen se caractérise par un climat méditerranéen, car ce sont ces mois qui sont les plus secs et les plus chauds. Le type de régime saisonnier actuel dans les stations de Saf-Saf et de Zenata est HPAE. Nous remarquons que les stations d’étude ont une abondance pluviale en hiver et au printemps, et une sécheresse estivale. Cette répartition des pluies hivernales et printanières permettent aux espèces végétales la reprise de leur activité biologique et permettent aussi sans aucun doute à la végétation d’entamer la saison estivale avec des réserves hydriques à la fois dans le sol et dans le végétal. Les zones météorologiques choisies comme référence, sont caractérisées par deux maxima : Une autre étude comparative permet de situer les températures moyennes les plus basses au mois de Janvier, de l’ordre de 9°C à Saf-Saf et de 9,9°C à Zenata et ce pour l’ancienne période (1913-1938) ; et de l’ordre de 9,73°C à Saf-Saf et de 13,27°C à Zenata pour la nouvelle période (1975-2006). Pour les températures moyennes les plus élevées, elles se situent au mois d’Août. Elles sont de 26°C à Saf-Saf et Zenata pour l’ancienne période (1913-1938), et de l’ordre de 26,49°C à Saf-Saf et 29,24°C à Zenata pour la nouvelle période (1975-2006). L’élévation de la température de la nouvelle période par rapport à l’ancienne période est assez remarquable surtout pour la station de Zenata. En effet, la moyenne annuelle était de 15,90° entre 1913 et 1938 et à subit une hausse de presque 5°C pour atteindre les 20,68°C. Pour la station de Saf-Saf l’élévation n’est pas très significative. La semi continentalité du climat des deux stations et donc de Tlemcen est déterminée par l’amplitude thermique moyenne (M-m) ; ainsi, Debrach (1953) a proposé une classification thermique du climat : Les M-m sont importants dans la vie du végétal. Ils représentent l’indice de continentalité. Le « m » selon Sauvage 1960, est un élément vital pour la végétation. En effet, Alcaraz, 1969 considère m=1°C comme étant un facteur seuil dans la répartition du chêne vert, du pin d’Alep et du thuya ( in Dahmani, 1984) ainsi que dans la répartition des différents sols. Les maxima « M » varient entre 32,8°C et 32,04°C pour l’ancienne période (respectivement Saf-Saf et Zenata) et 33,42°C et 32,49°C pour la nouvelle période (respectivement Saf-Saf et Zenata). La diminution de « M » est liée probablement à l’altitude. Pour les minima « m », elles varient de 5,8°C à 6,7°C pour l’ancienne période, et de 5,4°C à 5,5°C pour la nouvelle période respectivement Saf-Saf et Zenata. Ici aussi la diminution est due à l’altitude. Hadjadj-Aouel (1995), entend par saison froide, la période pendant laquelle les températures sont les plus basses de l’année et où les températures moyennes sont inférieurs à 10°C. Pour l’amplitude thermique, ou l’indice de continentalité, les M-m définissent bien notre type de climat qui est semi- continental. En effet, aussi bien pour l’ancienne que pour la nouvelle période, M-m est comprit entre 25°C et 35°C. La combinaison des paramètres climatiques (précipitations et températures) ont permis à plusieurs auteurs de mettre en évidence des indices. Tel est le cas de De martonne (1926), Emberger (1936) et Gaussen (1958). La synthèse climatique met en évidence les caractéristiques du climat méditerranéen permettant ainsi une délimitation des différents étages de la végétation (Rivas-Martinez, 1981 ; Dahmani, 1997). Une autre classification d’après Embérger (1955) et Sauvage (1963) en sous étages, se base sur la moyenne des minima du mois le plus froid « m » tel que: Rivas-Martinez (1977) quant à lui, propose la combinaison entre le « m » et la température moyenne annuelle. La station de Saf-Saf était caractérisée par une saison de sécheresse qui s’étalait du mois de Mais au mois d’Octobre, et alors une période de 06 mois et ceci pour l’ancienne période. Actuellement, elle couvre 08 mois par année allant du mois d’Avril au mois de Novembre. Pour Zenata, l’ancienne période était caractérisée par 06 mois de sécheresse allant du mois de Mai au mois d’Octobre. Par contre, pour la nouvelle période, la période sèche s’étale de Mars à Novembre et alors 09 mois de sécheresse. Le quotient pluviothérmique d’Emberger permet de définir les étages et les sous étages bioclimatiques. Il est établi en fonction du m (°C) et du Q2. Sur le climagramme du quotient pluviométrique d’Emberger, le Q2 est porté en ordonnées et le m en abscisses. Les stations s’agencent alors en fonction de la sécheresse globale du climat (Q2) d’une part, et de la rigueur du froid (m) d’autre part. Le climagramme pluviothermique du quotient d’Emberger (Q2) des stations va nous permettre de voir l’évolution du climat de l’ancienne période à la nouvelle période. Il y a donc une nette transition des stations de Saf-Saf et de Zenata du sub-humide tempéré au semi-aride tempéré. ConclusionL’étude bioclimatique nous a permis de confirmer l’appartenance de nos stations Saf-Saf et Zenata à un climat de type méditerranée. Le climat méditerranéen, qui caractérise notre station d’étude, permet l’évolution des formations végétales. On le voit dans la richesse et la biodiversité des espèces végétales. Du point de vue écologique, deux séries de facteurs sont déterminantes pour cette richesse. Tous d’abord les critères bioclimatiques qui sont responsables du développement du patrimoine floristique; Le second critère sont l’impacte extrêmement fort des activités humaines sur les écosystèmes forestiers (Henaoui, 2003), notamment sur les jardins et les parcs. L’etude bioclimatique nous a permis aussi de confirmer que les périodes de sécheresse se sont étalées jusqu’à 08 mois par an d’après les diagrammes ombrothermiques. Pour les précipitations, on peut dire qu’il y a une diminution nette et remarquable en quantité de pluies de la nouvelle période par rapport à l’ancienne période. L’analyse des données thermiques montrent que le mois le plus froid est celui de « Janvier » avec des minima qui sont compris entre 5,4 °C (Saf-Saf) et 5,5 °C (Zenata); le mois le plus chaud et qu’est « Août », est caractérisé par des maxima compris entre 39,49 °C pour la station de Zenata et 33,42 °C pour la station de Saf-Saf. En ce qui consterne les précipitations, on remarque une relative abondance des pluies durant l’ancienne période (1913-1938) par rapport à la nouvelle période (1975-2006). En effet, de 474 mm à Zenata et 545 mm à Saf-Saf, on descend à 264,51 mm à Zenata et 400,73 mm à Saf-Saf. Les stations connaissent une relative abondance des précipitations en hiver et au printemps et une sécheresse en été. Pour les températures moyennes les plus élevées, elles se situent au mois d’ « Août » ; elles sont de 26 °C pour les deux stations durant l’ancienne période (1913-1938). Pour la nouvelle période (1975-2006), ces températures qui sont les plus élevées varient de 26,49 °C et 29,24 °C respectivement Saf-Saf et Zenata. Enfin, on remarque que les stations de référence ont subit un déplacement bioclimatique du sub-humide tempéré au semi-aride tempéré, témoignant alors d’un réchauffement de la région. Auteurs : Benmansour Bouchra * , Gaouar Abdelaziz ** * Benmansour Bouchra (doctorante), benmansoursalimab@yahoo.fr, Laboratoire d’Ecologie Végétale, Département de biologie, Faculté des Sciences, Université Abou Bakr Belkaid - Tlemcen 13000, Algérie ** Gaouar Abdelaziz (professeur), Laboratoire d’Ecologie Végétale, Département de biologie, Faculté des Sciences, Université Abou Bakr Belkaid - Tlemcen 13000, Algérie |