Méthodes statistiques dans l’étude de l’influence édaphique sur la distribution des formations végétales dans le sub-humide des Monts de Tlemcen sous Quercus suber L. et Quercus rotundifolia L.

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Méthodes statistiques dans l’étude de l’influence édaphique sur la distribution des formations végétales dans le sub-humide des Monts de Tlemcen sous Quercus suber L. et Quercus rotundifolia L.


Date de publication : 28 février 2008


Résumé


Alors que l’influence de la végétation sur le sol est fréquemment étudiée, l’inverse est négligé malgré son importance. Notre étude va dans ce sens et s’intéresse à 05 stations dans des enclaves sub-humides sous Quercus rotundifolia L. et Quercus suber L. toutes situées dans les Monts de Tlemcen : Une à Hafir vu la représentativité de la forêt pour les deux espèces qui nous intéressent ; 04 à Terni caractérisées par une végétation bien venante dans quelques unes et mal venantes dans les autres.

Notre travail se résume en :

Une approche édaphique faisant ressortir le maximum de paramètres pédologiques.

La seconde statistique par une AFC qui met en relation la nature physionomiques des formations végétales à partir de l’écologie des espèces inventoriées d’une part, et par une ACF qui représente la relation entre les stations et les paramètres pédologiques jugés en tant que descripteurs écologiques ayant une influence directe sur la végétation et son comportement vis-à-vis du sol d’autre part.

Les résultats nous ont permis d’aboutir aux conclusions suivantes :
-Une parfaite corrélation entre la profondeur du sol et les stations ayant une hygrométrie importante se manifestant par des ambiances bioclimatiques de type sub-humide à variante fraîche et un couvert végétal dense de type forêt.
-Un gradient géologique a pu être décelé comme descripteur écologique séparément les formations végétales de type exclusivement acidophile (milieu gréseux), de celle qui sont indifférent à la nature de la roche mère.
-L’ACP a permis de dégager le gradient granulométrique textural d’un part, et un gradient granulométrique structural, d’autre part ; tout deux en relation avec un gradient dynamique de la végétation.


Mots clés


Influence édaphique, distribution des formations végétales, Sub-humide, Quercus, Monts de Tlemcen.


Introduction



Comme dans toute la zone méditerranéenne, les sols sont le plus souvent soumis à l’érosion, aussi leur forme la plus fréquente est celle de sols tronqués. Le constat actuel des faciès forestiers dans les Monts de Tlemcen laisse entrevoir que les stades climaciques se raréfient et cèdent la place à une végétation de type maquis très clairsemés. L’état du sol ne fait que confirmée ce constat ; En effet, il se trouve que ce dernier soit le plus souvent tronqué, subissant le flux de l’érosion éolienne et hydrique, et ou le paysage le plus couramment observe est celui d’un environnement à affleurement rocheux sans précèdent.

 

Ce cas a été relevé notamment dans les stations de Djebel Nador ou la végétation est plutôt de type maquis. Les rares sols complets étudiés correspondent à une végétation à ambiance silvatiquement proche des milieux purement forestiers ; On remarque aussi dans les stations de Hafir et de Tesser Mramet un gradient dynamique progressif du sol et de la végétation favorisé par l’ambiance bioclimatique régnant dans le site (sub-humide à variante fraîche) et une hygrométrie très importante.

Il nous a paru donc judicieux d’étudier de prés ces phénomènes en comparant dans la même ambiance du sub-humide, plusieurs stations : sous forêt dense de Quercus suber, sous forêt dégradée de Quercus ilex et sous pelouse après dégradation de la forêt de chêne vert.

 

Nos perspectives consistent en la conservation de ces milieux restant potentiellement très riche tant du point édaphique que phyto-écologique ainsi que par un engagement politique d’aménagement pour sauver les quelque rares enclaves du sub-humides qui existe dans les monts de Tlemcen.


Situation géographique



Notre étude a porté sur une région située dans les monts de Tlemcen. Celle-ci est localisée au Nord-Ouest de l’Algérie.

Afin de mieux cerner l’objectif tracé au préalable, on jugé utile de choisir deux stations dans les monts de Tlemcen : Hafir et Terni :

 

Un seul relevé pédologique et phytologique a été réalisé dans la station de Hafir, et ce en raison de la représentativité de la forêt pour les deux espèces végétal qui nus intéressent, et qui sont : Quercus rotundifolia L. et Quercus suber L.


Méthodes



Pour la station de Terni, on préféré réaliser 04 relevés dans 04 stations caractérisées par une végétation bien venante dans quelques une, et une autre mal venante dans les autres et cela toujours dans les mêmes formations végétales.


Pour l'inventaire floristique la méthode s'inspire de l'école Zuricho-Montpellièraine de Braun-Blanquet (1964). Le site d'étude a fait l'objet d'un échantillonnage de 39 relevés exécutés selon la conception classique de la phytosociologie et la dynamique de la végétation.


Les listes ont été dressées en se basant sur les quatre strates : arborescente (7m et plus), arbustive (7m-2m), buissonnante (2m-50cm) et herbacée.


La technique du relevé adopté localise précisément sa position géographique, sa dimension et ses caractères stationels (altitude, pente, exposition et nature du substrat).

I-Pédologiques


Les analyses pédologiques dans notre travail ont pour objets de faire ressortir la relation sol- végétation tout en étudiant l’influence de la végétation sur la pédogenèse. Notre étude a porté sur des sols sous chêne vert, chêne liége et sous une végétation dégradée.

II- Statistiques

Analyse factorielle des correspondances AFC

C’est une méthode dite numérique qui a pour objet de décrire et de d’élaborer sous forme graphique le maximum d’information contenues un tableau de données des variables et des individus. Pour son interprétation il faudra tenir compte des contributions relatives (les CTR les plus élevés).

Analyse des composantes principales ACP

Cette analyse a été effectuée pour caractériser les possibles relations entre la végétation et les types de sols sur elle repose.

 

L’interprétation des axes se fait à partir de l’examen du cercle de corrélation et de la position des relevés sur les axes factoriels.


Résultats



1) Analyse factorielle des correspondances AFC

Axe 1


La signification écologique des axes dans un plan factoriel donné, consiste à montrer l’opposition entre l’extrême gauche et l’extrême droite le long de cet axe.


*Carte des stations


S2 et S5 sont diamétralement opposé par rapport à l’axe 1. Ce sont eux qui expliqueront celui-ci puisqu’ils ont les C.T.R. les plus élevés. A ces deux stations correspondent deux milieux différents : S2 représentant un milieu fermé à forêt de Chêne vert, et S5 qui est un milieu ouvert de type matorral. Il y a donc un gradient régressif du couvert végétal allant de la station S2 à la station S5.


*Carte des espèces


Dans la partie positive de cet axe existe les espèces Quercus faginea subsp tlemceniensis, Coriandrum sativum, et Cytisus arboreus signalées par Alcaraz (1989), Quezel et Santa (1962) et Rivas Martinez (1977), comme étant des essences exigeantes de point de vue hygrométrie, existants sous une variante fraîche dans les milieux ombragés et fermés. Par contre dans la partie négative on remarque les espèces Chamaerops humilis, Carthamus pectinatus, Atractylis humilis, Bromus madritensis et Ferula communis. Ce sont toutes des espèces reconnues des milieux ouverts, héliophiles et annonçant un stade de dégradation avancé du couvert végétal.

A travers l’analyse de l’axe 1, on remarque que l’écologie de ce dernier est de l’ordre hygrométrique et thermique agissant entre eux de manière inversement proportionnelle.

Axe 2


Le principe est le même que pour l’axe 1.


*Carte de stations


L’examen de la répartition des stations à forte contribution relative C.T.R. le long de l’axe2, montre une opposition entre les stations S1 et S2.


S1 est une station forestière de formation, à bioclimat sub-humide, et à sol installé sur roche mère d’origine gréseuse. S2 est une station à caractère écologique identique à S1 à l’exception du substrat qui est d’origine calcaire.


*Carte des espèces


On peut reconnaître à cet axe un gradient géologique allant des formations s’installant exclusivement sous roche mère gréseuse vers celle indifférente à la nature de cette dernière.


En effet, du coté positif de l’axe 2 existent des espèces reconnues par leur installation sur sol dépourvu de calcaire telles que arbutus unedo, Quercus suber et Cistus monspeliensis par contre du coté négatif, on dénombre des espèces indifférentes à la nature géologique de la roche mère mais qui a une préférence au calcaire telles que Dianthus caryophyllus et Quercus faginea.


L’axe 2 définit probablement une discrimination entre un milieu s’installant sur roche mère calcaire et celui sur substrat géologique d’origine gréseuse.


2) Analyse des composantes principales ACP

Axe 1


*Carte des stations


Toutes les stations S1, S2, S3, S4, et S5 son situées dans le coté positif de l’axe 1 avec des C.A presque identiques. Le caractère commun entre elles est le bioclimat (sub-humide). La définition de l’axe 1 se fera après le constat graphique de la carte des variables écologiques et la superposition des deux graphes.


*Carte des variables pédologiques


On observe une opposition entre le sable fin du côté positif et le sable grossier de la côte négative ayant des C.A très élevés.
Le gradient écologique de l’axe 1 est alors granulométrique structural mettant en relief le sable fin et le sable grossier.

Axe 2


*Carte de stations


Pour l’axe 2, on observe une opposition entre les stations S1de Hafir, S2 et S3 de Tesser M’ramet situées dans le côté négative, et S4 et S5 de Djebel Nador situées dans le côté positif du même axe. Il y a donc possibilité d’un gradient dynamique de la végétation allant du milieu fermé et ombragé (S1, S2 et S3) vers ceux ouverts et ensoleillés (S4 et S5). Mais quelle serait la réplique pédologique à ce gradient dynamique ?


*Carte des variables pédologiques


Sur le plan factoriel (1-2), on remarque une opposition entre le sable fin se situant dans le côté négatif de l’axe 2, et le sable grossier positionné dans la partie positif du même axe.


La superposition des cartes factorielles met en relation d’une part les stations de Djebel Nador S4 et S5 avec les éléments grossiers 001 et 009 dans le coté positif, et d’autre part les stations de Hafir S1 et Tesser M’ramet S2 et S3 avec le sable fin 004 et 012 du coté négatif.

 

On peut reconnaître à l’axe 2 le gradient dynamique du couvert végétal lui-même en relation avec les éléments fins et grossiers.

Conclusion



Le constat actuel des faciès dans les monts de Tlemcen laisse entrevoir que les stades climaciques se raréfient et cèdent la place à une végétation de type maquis très clairsemé.


L’état du sol ne fait que confirmé ce constat ; En effet, il se trouve que ce dernier soit le plus souvent tronqué subissant le flux de l’érosion éolienne et hydrique, et où le paysage le plus couramment observé est celui d’un environnement à affleurement rocheux sans précédant. Ce cas a été relevé notamment dans les stations de Djebel Nador où la végétation est plutôt de type maquis.

Les rares sols complets étudiés correspondent à une végétation à ambiance silvatiquement proche des milieux purement forestiers.
Les stations de Hafir et de Tesser M’ramet sont caractérisées par un gradient progressif du sol et de la végétation favorisé par une ambiance bioclimatique régnant dans le sub-humide à variante fraîche, et une hygrométrie très importante.


Les techniques d’analyse pédologiques et statistiques utilisées dans cette étude illustrent parfaitement la corrélation existant entre la nature physionomique du couvert végétal et le stade de pédogenèse accompli par le sol proprement dit.

Nos perspectives consistent en la conservation de ces milieux restant potentiellement très riche tant du point de édaphique que phyto-écologique, ainsi que par un engagement politique d’aménagement pour sauver les rares enclaves du sub-humide qui existent dans les monts de Tlemcen.

Auteurs : Benmansour Bouchra* (doctorante), Gaouar A. (professeur)


* Benmansour Bouchra (doctorante), benmansoursalimab@yahoo.fr, Laboratoire d’Ecologie Végétale, Département de biologie, Faculté des Sciences, Université Abou Bakr Belkaid - Tlemcen 13000, Algérie

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