Pour le " dissociable "
Les constructions en " pierres sèches " (sans liant) en fournissent un exemple traditionnel.
De façon beaucoup plus récente, en 1972, le " Minimum Cost Housing Group " de l’Université Mc Gill, au Canada, a fait l’expérience de modules de base de construction.
De même, les blocs Elco, utilisés par exemple à Cusset dans l’Allier, sont auto-bloquants et auto-alignants, supprimant le mortier (pas de joints de hourdage).
Dans la charpente en bois traditionnelle, la menuiserie traditionnelle et l’ébénisterie, les assemblages sont réalisés sans clou ni colle, par emboîtage et fixation à l’aide de chevilles en bois, ce qui permet un démontage, une réparation ou un réemploi.
Les constructions métalliques assemblées par boulonnage ou rivetage permettent également un démontage. Cependant, il s’agit d’un travail fastidieux. Pour les démolitions, on pratique aujourd’hui une découpe au chalumeau ou à la disqueuse, plutôt qu’un démontage.
La forme des pièces plastiques peut aussi être conçue pour qu’elles s’assemblent entre elles par glissement, emboîtement ou clipsage, ce qui favorise leur démontage, la réparation, et un éventuel réemploi.
D’une façon plus générale, cela conduit à préconiser des méthodes d’assemblage mécanique : vissage, boulonnage, rivetage, sertissage, agrafage, etc., plutôt que des méthodes chimiques, notamment l’utilisation de colles, y compris pour les métaux (colles phénoliques/élastomères, phénoliques/époxy, phénoliques/vinyliques, époxydes et époxydes modifiées).
Il convient toutefois d’être vigilant quant à la qualité des assemblages " mécaniques " (au sens large) : ainsi, à l’INSA de Lyon, les façades-rideaux constituées de raidisseurs métalliques munis de " pattes ", dans lesquelles sont pincés les panneaux de remplissage, ne tiennent plus et doivent être remplacés ; les coûts de remplacement sont élevés (3 à 6 millions de francs par façade).
A l’inverse, des problèmes majeurs, au stade de la déconstruction, sont liés au développement des matériaux " sandwich ", composites.
En ce qui concerne les charpentes métalliques et leur étanchéité, on opère souvent aujourd’hui un " spitage " des bacs de couverture en acier et un " tartinage " au goudron des points de spitage. De plus, on ajoute des panneaux de papiers bitumés ou goudronnés (le cas échéant avec aluminium, " granitage " de surface, etc.) qui adhèrent aux bacs en acier. Les matériaux ne peuvent pratiquement pas être séparés. Même lors de la dépose, la découpe de ces plaques se traduit par un encrassage de la disqueuse.
Après-usage, le souci d’un réemploi, d’un recyclage, ou de devenirs différenciés des résidus, conduit à proscrire " l’abattage ", au profit de la " déconstruction sélective ".
Les études et les expérimentations actuelles de " déconstruction sélective " permettent de quantifier et qualifier les divers matériaux constitutifs, d’analyser leur répartition et leur séparabilité, de planifier les différentes phases de déconstruction : dépose des équipements, menuiseries, toitures, revêtements de sols, plaques de plâtre, etc. ...
Ainsi, l’expérience franco-allemande de démolition de l'hôtel de la Poste de Dobel, dans le Bade-Wurtemburg (*) , s’est traduite par un inventaire détaillé, des tests de techniques de démontage (y compris le décollage des enduits et des crépis), ainsi qu’une analyse coût / efficacité des opérations de démontage ; le coût a été mis en relation avec les quantités extraites, leur qualité, leur valeur de revente, pour un réemploi ou un recyclage, ainsi que le coût évité par rapport aux solutions d’élimination. Dans le cadre de cette expérience, 93 % (en poids) des matériaux ont été réutilisés ou recyclés. Une opération du même type a été réalisée en Alsace. Dans le même esprit, l’ADEME suit deux chantiers à Marseille et à Aix-en-Provence.
Ces premières expériences tendent à montrer qu’il en résulte un allongement de la durée du chantier de démolition et, généralement, un coût plus élevé. Une opération réalisée en Alsace s’est traduite, par rapport à une démolition classique, par un surcoût de 60 %. Par contre, dans le cas de l’Hôtel de la Poste de Dobel, il a été estimé que l’opération a permis une économie de 20 % ; il convient toutefois de noter qu’en Allemagne, les règles relatives au devenir des matériaux de démolition sont très strictes et que les coûts d’élimination sont très élevés, ce qui renforce l’intérêt de la déconstruction sélective.
L’analyse des résultats des opérations menées devrait aussi permettre de tirer des enseignements sur ce qu’il faut recommander ou au contraire proscrire dans le cadre des futures constructions, pour réduire la quantité de déchets, faciliter le réemploi, la récupération et le recyclage, ou à un défaut une élimination plus respectueuse de l’environnement, et pour réduire les surcoûts de déconstruction sélective, soit une approche préventive.
En ce qui concerne la recherche, on notera l’existence de l’Institut Franco-Allemand de Recherche sur l’Environnement IFARE / DFIU, rattaché à l’Université de Karlsruhe, promu par le Land de Bade-Wurtemberg ainsi que par la Région Alsace ; il comporte une équipe pluridisciplinaire (chimie, physique, génie des procédés, économie), à parité franco-allemande. Parmi ses recherches, on peut notamment citer celles relatives à la réduction, à la valorisation et à l’élimination des déchets de bâtiment, en particulier dans la région du Rhin Supérieur (Alsace, pays de Bade), ainsi que l’évaluation écologique des techniques, ou encore une méthodologie permettant de réaliser rapidement un bilan écotoxicologique approximatif pour un bâtiment donné, à partir de ses caractéristiques connues.
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