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BTP

Le bois

Le bois bénéficie d’une image de matériau écologique. C’est une ressource renouvelables et diverses études d’impacts environnementaux et analyses de cycle de vie confirment le bien-fondé de cette image. On peut en particulier souligner le rôle positif de la forêt et des utilisations durables du bois pour réduire les risques associés à l’effet de serre. Un autre argument écologique majeur réside dans le fait que la mise en œuvre du bois dans la construction demande beaucoup moins d’énergie que celle de nombre d’autres matériaux (béton, aluminium, acier, etc.).

C’est un matériau local, dans certaines régions. On peut ainsi noter l’importance du bois dans la construction en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et en Scandinavie. En Europe, la France est bien dotée.

Au Moyen-Age, la forêt occupait près de la moitié du territoire français actuel. Suite à la croissance urbaine et industrielle, elle ne couvrait plus qu’un huitième du territoire au début du dix-neuvième siècle. Puis la part des espaces boisés s’est à nouveau accru, pour représenter actuellement un quart du territoire national.

Cas de la région Rhône-Alpes.

La récolte de 300 m3 de bois supplémentaires crée un emploi pendant un an.

De plus, il est nécessaire :

Le chalet savoyard constitue un archétype d’habitat en bois. Une technique rustique consiste à utiliser des rondins de bois brut de fort diamètre : c’est la maison en troncs empilés, avec un montage " pièce sur pièce ", qui était très courante en Europe centrale et septentrionale. Les rondins sont simplement empilés, ou bien assemblés entre eux par la technique du " mi-bois ". Le cas échéant, l’assemblage est complété par des chevilles ou par un système tenon/mortaise chevillé.

Cependant, de telles constructions sont fortes consommatrices de bois, ce qui peut conduire à des problèmes de déforestation ; ainsi, en Maurienne et en Tarentaise, l’utilisation massive du bois dans la construction a fait l’objet d’une interdiction au début du dix-huitième siècle ; mais la situation a fortement évolué depuis cette période.

Parmi les méthodes de construction, d’origine nordique, pratiquée au Québec et plus marginalement en France, on peut signaler le " bois cordé " : des rondins mis au gabarit sont posés à plat sur un double lit composé de chaux, de ciment et sable, constituant un mortier extérieur et un mortier intérieur, qui servent également à combler les interstices entre les rondins. Entre les deux parois, on dispose un isolant, constitué notamment de sciure ou de copeaux, en matelas ou en vrac.

Pour la toiture, outre la charpente, on utilisait par exemple des bardeaux de bois, des planches de mélèze dans le Queyras, ainsi que des tuiles en bois (sapin ou épicéa) - appelées " essendoles " - dans le Vercors et la Chartreuse. En Savoie, il s’agissait des " tavaillons " et des " ancelles ", écailles de bois servant à recouvrir les toitures et les façades. S’y ajoutent des gouttières en bois creusé ou ouvré, etc.

Par ailleurs, la chaumière a un toit en chaume, végétal annuel. On trouve encore ce type de toiture, par exemple dans le Vercors, ainsi qu’au Gerbier-de-Jonc, en particulier sur les communes de Ste Eulalie, Sagnes et Goudoulet (l’association Liger tente de les maintenir). S’y ajoutent des toitures en roseaux ou en bottes de paille (v. le Centre de démonstration de Mens, dans l’Isère).

Au sol, on peut utiliser des rondins dressés les uns contre les autres (plutôt que des pavés auto-bloquants en béton coloré).

Pour les murs, le " colombage " représente un autre mode d’utilisation traditionnelle, mais partielle, du bois. La ferme bressane traditionnelle utilise le " clavagnon " de chêne, pour le " clayonnage " de bois, rempli de pisé ou de briques en terre modelées sur place.

Pour les charpentes, on utilisait des poutres équarries grossièrement, y compris des poutres courbes, pour " faire flèche de tout bois ".

Dans la construction, on peut faire état de la " chaleur " du bois, de façon objective, en raison de ses qualités thermiques, mais cette chaleur renvoie aussi à des facteurs subjectifs et culturels : " bois naturel, bois culturel ", rappelle Jean Baudrillard (*) ; c’est un matériau " chaud ", chaleureux ; il a son odeur, il respire, il vit, il travaille, il vieillit, il garde le temps dans ses fibres, il a même ses parasites.... " Telle est l’image du " plein chêne " qui vit en chacun de nous, évocatrice de générations successives, de meubles lourds et de maisons de famille ".

Pour relancer l’utilisation du bois dans la construction, le concours " Construire en bois dans les Alpes " a été créé en 1989.

La maison à ossature bois a connu un regain d’intérêt. Le bois est à la fois matériau porteur et isolant, en raison de sa faible conductivité thermique ; il permet ainsi d’éviter les ponts thermiques. C’est également un matériau relativement léger, comparativement au béton.

 

Le problème mérite aussi d’être abordé sous l’angle du " bilan-matière " de la filière bois, depuis l’arbre sur pied jusqu’au produit fini.

Le travail du matériau bois est en réalité le fait d’une " famille de branches " ou de filières complémentaires vis-à-vis de l’utilisation de la ressource.

Les bois de qualité secondaire (bois nerveux ou comportant de gros nœuds, etc.) sont utilisés comme coffrage dans la construction, mais ce débouché s’est fortement réduit. Par contre, leur utilisation dans la fabrication de palette (surtout mono-rotation) s’est développée.

Certaines fabrications comportant des nœuds sont vendues comme produits de second choix. Dans le meuble, on notera l’essai de promotion d’un nouveau design de meubles en " chêne sauvage ", noueux.

Pour clôturer une propriété, on peut avoir recours à des dosses ou délignures, à des piquets de châtaignier, ou bien à des haies vives. Le recours à des haies vives et " vivaces ", à feuillage persistant, et si possible à pousse lente, permet en outre de limiter la quantité de déchets verts, ce qui présente un intérêt, surtout s’ils ne font pas l’objet d’un compostage " in situ ".

Suivant les cas, le bois constitue un matériau local, indigène, ou bien importé ; il entre dans un circuit de fabrication local, artisanal, ou bien industriel, à large échelle. C’est un matériau renouvelable ; dans Rhône-Alpes, l’exploitation est nettement inférieure à l’accroissement annuel. Cependant, d’autres contrées, la surexploitation n’assure pas le renouvellement de la ressource (renouvelable, mais non renouvelée), se traduit par de graves atteintes à l’environnement (érosion des sols, notamment), à des conflits d’utilisation du sol, etc. Les bois rouges, utilisés largement pour les fenêtres, viennent d’autres continents (bois exotiques, Red Cedar du Canada, etc).

En Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche, au Royaume-Uni, se sont développées dans le courant des années 1980 des campagnes de boycottage à l’encontre d’importations de bois tropicaux. Cependant, les bois " exotiques ", importés (comme les bois rouges, le teck, etc.) résistent bien aux intempéries, en raison d’une texture serrée. On notera toutefois que le chêne et châtaignier offrent eux-mêmes une bonne résistance à la pourriture.

Des initiatives diverses sont relatives à " l’éco-certification " des forêts, notamment, mais non exclusivement, celles qui produisent des bois tropicaux. Les initiatives émanent de professionnels (exemple : Isoroy pour l’Okoumé), d’organisations non gouvernementales (comme WWF) et de divers pays (en particulier nord-américains et scandinaves, pour les bois qu’ils produisent).

Un autre problème majeur réside dans les adjuvants utilisés, qu’il s’agisse des produits de préservation ou de traitement, des colles, ou des finitions : lasures, peintures, vernis ; s’y ajoutent des revêtements composites.

Les bois sont classés (échelle allant de 1 à 5) en fonction de leur résistance aux risques biologiques. Le choix d’essences appropriées, suivant les applications, et un séchage au four permettent de limiter les traitements.

Pour les classes 3 à 5, un traitement en autoclave (succession d’opérations de mise sous vide et mise sous pression permettant d’assécher le bois et d’injecter des solutions) réduit le caractère putrescible du bois. Cependant, les solutions utilisées contiennent des sels de cuivre, de chrome, de brome, d’arsenic, de fluor, toxiques.

S’y ajoutent des produits huileux, comme les créosotes (pour des usages spécifiques, en particulier les traverses SNCF et les poteaux de lignes électriques ou téléphoniques) et des carbonyles ; mais ces derniers, qui dégagent une odeur persistante, ne sont plus guère employés.

Les produits prêts à l’emploi proposés visent à lutter notamment contre les champignons et contre les insectes xylophages, ainsi que le bleuissement.

En ce qui concerne les champignons, il est conseillé (Que Choisir ?, n° spécial " Produits propres ", nov. - déc. 1990) de ne pas appliquer systématiquement de traitements fongicides, parce qu’ils sont polluants (en particulier le pentachlorophénol [PCP], mais il n’est plus produit par Rhône-Poulenc, ce depuis plusieurs années) et rarement utiles. Ils ne sont utiles qu’en ambiance très humide, et la lutte contre l’humidité appelle généralement d’autres types d’actions.

Vis-à-vis des insectes xylophages, notamment le capricorne des maisons, la petite vrillette, le lyctus (lié aux bois tropicaux) et les termites (en ambiance humide), les feuillus sont plus résistants que les résineux.

Les installations de traitement du bois sont des installations classées (Circulaire du 3 juillet 1986).

Certains produits dangereux ont été interdits, notamment des insecticides organo-chlorés : chlordane, heptachlore, hexachlorocyclohexane (lindane), aldrine, dieldrine, andrine (interdits depuis juillet 1994).

Position des écologistes.

Il serait intéressant de développer les recherches relatives à des substances répulsives non polluantes, relevant d’une lutte biologique. C'est notamment les cas du Laboratoire de neurobiologie du CNRS de Marseille (dirigé par le Pr. J.L. Clément) qui s’efforce de mettre au point une nouvelle arme biologique contre les termites, consistant à inhiber leur sens olfactif ; mais sa mise au point ne peut guère envisagée avant une dizaine d’années.

Quelques fabricants de produits "plus écologiques" peuvent être cités.

Cas du bore et de ses composés.

Pour préserver les bois contre l’attaque des termites, " Termidor ", de Rhône-Poulenc, repose sur les propriétés du fipronil, matière active de la famille des phénylpyrazoles ; le produit est efficace à faible dose et est considéré comme non nocif pour l’environnement. D’autre part, Cécil S.A. (BP 16, 38 670- Chasse / Rhône) a conçu le " Termifilm ", un film en polyéthylène intégrant un termicide (un pyréthoïde). Pour son innovation, cette firme rhône-alpine a reçu le prix de l’environnement 1995 décerné par l’Apave.

Pour augmenter la résistance du bois aux agents de dégradation, et notamment réduire son hygroscopie, l’Ecole des Mines de Saint-Etienne a mis au point un procédé thermique de " rétification ", qui a été breveté. La licence exclusive a été confiée à la S.A NOW (" New Option Wood ", 10 avenue Faidherbe, 17 500- Jonzac) pour une exploitation industrielle.

Pour la protection des bois, on peut en outre suggérer une politique de qualification globale, plutôt qu’une politique de qualification des produits de traitement, en tenant compte non seulement du produit de protection, mais également du procédé d’application, ainsi que des problèmes de compatibilité entre les divers produits utilisés ; c’est un " système de protection " qu’il faut considérer.

Quant aux colles, des colles synthétiques ont succédé aux colles naturelles (végétales, animales ou minérales).

Les colles urée-formol ont connu un développement important dans le contre-plaqué, puis les panneaux de particules, où elles représentent près de 10 % du poids du produit ; les colles de résorcine (résorcine-formol) sont utilisées dans la construction de charpentes lamellé-collé. Les produits à base de bois sans dégagement de formaldéhyde peuvent obtenir le label " Ange bleu " en Allemagne ou le label " Cygne blanc " dans les pays nordiques.

Qu’il s’agisse des produits de traitement du bois ou des colles à bois, on ne peut que regretter qu’il n’existe pas encore de marque AFNOR " NF-Environnement ".

Exemple d'un chantier bois à Rumilly.

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