Etat de l'environnement en Chine
Le développement déséquilibré de nombreuses régions économique et social a bien évidemment des répercussions importantes sur l’environnement. Les problèmes sont très nombreux, à des degrés divers.
Les déchets
En Chine, on entend dire que « tout déchet est un trésor ». Même si c’est une réalité pour une partie importante de la population pour qui les déchets sont le seul moyen de subsistance, leur mode de gestion actuel commence à avoir de très sérieuses conséquences sur l’environnement et la santé.
La difficulté pour le gouvernement chinois réside dans la prise de conscience des enjeux environnementaux à moyen et long terme tout en atteignant des objectifs sociaux et / ou économiques à court terme.
Le gouvernement multiplie les initiatives. La réglementation chinoise en matière d’environnement cadre les grands principes de la protection de l’environnement et prévoit de sanctionner les fautifs. Ces lois ne sont que trop peu appliquées faute de contrôle. De plus elles sont difficilement applicables dans ce contexte économique.
Mais l’agence chinoise pour l’environnement, devenue ministère, a déjà infligé des sanctions financières et administratives. Le ministère de l’environnement est à l’origine de multiples initiatives comme la fermeture des mines les plus polluantes (SO2). Officiellement, prés de 60 000 entreprises ont été fermées pour cause de pollutions importantes.
La Chine tend à devenir une société de consommation ; la production de déchets est en pleine explosion et les problèmes risquent de devenir insurmontables. La Chine est constituée de 668 villes et le stockage total des déchets urbains a atteint 6 Gigatonnes sur 10 ans. Environ 15% des déchets annuels ne peuvent pas être transférer ou traiter immédiatement. (Journal quotidien de Liaoyang, le 10 mars 2004)
Officiellement, on connaît seulement le devenir de 47% de la production totale des déchets ménagers : la mise en décharge. Le transport et le traitement des déchets, comme les problématiques d’assainissement, ne sont pas assez prises en compte et manquent de moyens. L’enfouissement reste la principale voie de traitement des OM (DICO ECO). Seulement 10% des déchets retrouveront une « nouvelle vie » par recyclage. Pour Pékin, la dépense annuelle pour le transport des déchets ménagers ou industriels des lieux de collecte jusqu’aux centres de stockage est d’environ 87 millions euros. On estime, qu’au total, pour le gouvernement chinois, la facture annuelle des déchets avoisine les 30 milliards de dollars (site officiel des nouvelles de la Chine : www.ce65.com).
Les pollutions dégagées par les 53% de déchets non enfouis occasionnent de multiples désagréments et dans un grand nombre de cas, de sérieux problèmes de santé. Ce sont plus de 40 milliards de tonnes de déchets tant industriels que ménagers qui ont été déversés dans les fleuves et cours d’eau. En 2000, par rapport à 1999, la pollution du fleuve Yangtsé et de ses affluents a augmenté de plus de 5%. Le rejet total des eaux usées ménagères et industrielles dans ces zones a atteint 50,7 milliards tonnes (1/3 du rejet des eaux polluées du pays). Le stockage des déchets ménagers et de l’agricultures dans certaines villes pollue la nappe phréatique par infiltration. Ces zones de stockage prennent quelques fois le feu et dégage de l’ammoniaque (Journal de l’environnement de la Chine, le 10 mars 2004). A Pékin, l’un des quatre stockages des déchets urbains a déjà été responsable de la pollution de la nappe phréatique peu profonde par infiltration, et c’est ainsi 90% de l’eau souterraine de cette ville qui a été polluée. (Nouvelles hebdomadaires, www.chinanewsweek.com.cn le 29 mars 2004).
L’augmentation (10 % par an) de la production de déchets pose aussi des problèmes au niveau de la collecte qui ne peut être assurée par les filières habituelles, déjà peu efficaces. Ce sont des travailleurs itinérants, souvent des chômeurs ruraux, venu à la ville chercher un travail, qui collectent au fil des rues les déchets laissés à même le sol à leur intention. De plus, la nature du gisement évolue également, ainsi à Pékin, par rapport aux années 90, la teneur en papier/carton dans les déchets ménagers a augmenté près de 13,33%, et celle du verre de 6,5%.
Tout comme au Népal, en Inde, au Sri Lanka et au Pakistan, les récupérateurs et « négociants » en déchets sont situés non seulement au bord des routes qui mènent aux décharges, mais aussi dans les villes, où ils contribuent au marché florissant du recyclage (Cf. Vitrine INSA – Delhi).
Dès que les ordures sont triées, elles sont soit dirigées vers des centres de recyclage, soit transitent par des intermédiaires qui trient et stockent. Ils constituent ainsi de petits lots de matériaux de sources diverses qui sont évalués selon leur qualité. En Chine, ces intermédiaires dépendent de centres communautaires de rachat. Dans les décharges des pays tels que l’Inde, le Népal, le Bangladesh, le Pakistan et la Chine, les quantités de bouteilles, conserves, plastiques et caoutchouc sont minimes comparativement à celles des décharges de la Corée du Sud, des Philippines, de la Thaïlande et de la Malaisie. La pauvreté et la rareté de certains produits dans certaines zones de l’Asie contraint une grande partie de la population à rechercher tout ce qui peut rester de recyclable dans les décharges.
Enfin, dans certains centres de collecte et d’enfouissement, les ouvriers de la propreté ne travaillent pas dans des conditions optimales de sécurité. Ils ne disposent que de gants et de masques usés.
En revanche, dans certaines grandes ville, des efforts qui sont entrepris en vue d’améliorer les conditions de travail des ouvriers du secteur de la propreté, et d’améliorer les techniques de ramassage, traitement, …, signes d’ouverture et de progrès. Petit à petit la Chine essaie de pallier au manque évident en moyens matériels, même si, comme à Shanghai, il existe des systèmes de ramassage différenciés entre les ordures ménagères les déchets commerciaux et industriels.
Quelques exemples :
Récupération des déchets dans les décharges Répartition par matériaux collectés pour les principales villes asiatiques |
Gestion des déchets à Xiamen |
Recyclage des déchets à Shanghai |
Valorisation des déchets dangereux à Tianjin |
Bien loin de l’avancée remarquable des pays occidentaux en matière d’environnement, la Chine soigne ces initiatives mais le travail de fond reste à faire.
LA CHINE : CYCLONE DU RECYCLAGE
Aujourd’hui, les matières premières recyclées ne sont plus seulement des matières d’appoint livrées des marchés de proximité : elles ont leur place sur le marché mondial et leur utilisation par l’industrie productrice de biens de consommation permet au monde occidental de limiter les impacts de son activité industrielle et de ses consommations sur l’environnement. Parallèlement, elles ont une importance croissante pour les marchés émergents, au premier rang desquels on trouve la Chine (1,3 Md d’habitants) aspirant à élever son niveau de vie, mais qui ne dispose pas nécessairement des ressources matérielles adéquates. L’Inde, à peine moins peuplée, prend actuellement le même chemin.
L’urbanisation de ces pays constitue à n’en point douter l’un des phénomènes majeurs qui marqueront le XXI° siècle, créant une demande considérable en matériaux, infrastructures, moyens de transport, etc. Ceci laisse prévoir une redéfinition des flux de déchets et de matières premières recyclées, progressivement absorbés par ces pays émergents au fur et à mesure que croîtra leur production industrielle. Pour l’heure, l’aspiration créée par la Chine est en train de transformer la physionomie des clients des acteurs du recyclage en France, comme l’a bien démontré le débat organisé par Federec à l’occasion de la présentation annuelle des chiffres du recyclage.
L’acier : la Chine, 1er consommateur mondial d’acier depuis 1996, est aussi le premier producteur depuis 2000 et le premier importateur net (30 Mt en 2003). Le développement de l’aciérie électrique (utilisatrice de ferrailles) y a été moins rapide qu’ailleurs dans le monde. Le volume d’acier produit par cette filière ne s’est accru que de 20 % de 1993 à 2001, contre 27,5 % en moyenne dans le monde. Ceci est du à la faiblesse des ressources chinoises en ferrailles et à leur qualité médiocre : la récupération ne s’est pas encore modernisée dans le pays et reste artisanale. Autres handicaps : la faiblesse des ressources énergétiques et surtout électriques et leur prix élevé, et une forte indépendance du pays tout entier par rapport aux marchés extérieurs en termes de matières premières. Mais aujourd’hui, la Chine affiche des priorités en termes de développement durable, d’où une préférence pour le développement de la filière électrique par rapport à celle à l’oxygène, plus polluante et plus énergétivore. On peut donc s’attendre en parallèle à un développement des capacités de collecte et de traitement des ferrailles, car il existe des gisements domestiques potentiels mal exploités. En 2005, la capacité de production d’acier devrait monter à 266 Mt, dont 35 Mt d’acier électrique, alors que la Chine ne « produit » que 23 Mt de ferrailles. La demande en ferrailles est donc globalement très forte.
Les métaux non ferreux : pour les principaux métaux non ferreux (aluminium, cuivre, nickel, zinc, plomb), la Chine est toujours dans le trio de tête des pays producteurs et/ou consommateurs. Si, comme pour l’acier, des difficultés conjoncturelles peuvent se produire, la demande reste à long terme structurellement forte. Des tensions sont d’ailleurs actuellement vivement ressenties sur les cours du cuivre, le gouvernement chinois aidant les affineurs à s’approvisionner sur les marchés mondiaux aux cours les plus élevés, ce qui met actuellement en difficulté les affineurs européens, lesquels craignant en outre que les DEEE et l’aluminium bénéficient de la même politique, ont demandé en mai à Bruxelles d’intervenir pour faire cesser ces distorsions de concurrence.
Papiers cartons : la Chine est actuellement le second producteur (32 Mt en 2001) et le second consommateur mondial (38 Mt en 2001). Ce marché connaît une croissance très forte : la consommation par an et par habitant n’est que de 30 kg (170 kg en France ou 330 kg aux Etats Unis). De ce fait, la consommation attendue en 2005 devrait se chiffrer à 50 Mt. Le pays importait en 2000 40 % de ses besoins en fibres recyclées, mais suite aux lois du gouvernement central interdisant la déforestation et la fabrication du carton-paille, cette proportion devrait passer à 45 % en 2005, ce qui contribuera à créer un puits d’aspiration pour les papiers à recycler du monde entier.
Les plastiques : la production chinoise de matières plastiques connaît actuellement un fort développement (environ + 10 % par an). Les constructions immobilières et d’infrastructures sont le principal moteur de développement du secteur, bientôt rejoint par la production automobile. Contrairement aux secteurs précédents, surtout structurés autour de grands groupes, cette industrie reste surtout constituée de micro entreprises, principalement regroupées dans le sud et l’est du pays. Notons que le Xème plan quinquennal contient un important volet consacré au développement du recyclage des plastiques, qui devrait se traduire par une forte augmentation des capacités de transformation et donc, là encore favoriser la migration de ces matériaux vers la Chine à l’échelle mondiale.
Reconnu par les autorités de l’Etat comme une priorité nationale, le développement du recyclage en Chine est donc susceptible d’offrir de nombreuses opportunités de marchés pour les professionnels du secteur, et nombreux sont ceux, au sein de Federec qui mettent actuellement le pied dans ce pays.
Les améliorations des conditions de collecte et de traitement se font ressentir au niveau des populations urbaines. Depuis 2004, les déchets sont mieux triés, les déchetteries mieux contrôlées, il y a moins de rejets sauvages et du fait moins de critiques sur les équipes de la propreté (site des métiers de la protection de l’environnement de Chine : www.cepiol.com du 30 janvier 2004).
Bien loin de l’avancée des pays occidentaux en matière d’environnement, la
chine soigne ses initiatives mais le travail de fond reste à faire. Entre 2000
et 2005, le gouvernement chinois développe un nouveau système pour la gestion
des déchets : nouveaux centres d’assainissement, nouveaux centres de regroupement
de capacité 500 à 800 tonnes par jour, nouveaux centres de transit à proximité
des villages, … .
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